• Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares
    Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares...
    Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent...
    J'aime ces trains mouillés qui passent dans les champs,
    Ces longs convois de marchandises bruissant,
    Qui pour la pluie ont mis leurs lourds manteaux de bâches,
    Ou qui forment la nuit entière dans les garages...
    Et les trains de bestiaux où beuglent ornement
    Des bêtes qui se plaignent au village natal...
    Tous ces rands wagons gris, hermétiques et clos,
    Dont le silence luit sous l'averse automnale,
    Avec leurs inscriptions effacées, leurs repos
    Infinis, leurs nuits abandonnées, leurs vitres pâles...

    Henry Bataille
    La tulipe... 


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  • Très bonne journée à vous mes ami(es)
    Gros bisous 


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  • Rêverie
    Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
    Cache un front inégal sous un cercle de brume,
    L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
    Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
    On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
    Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.
    Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
    Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
    Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
    Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
    Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
    Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !
    Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
    Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
    Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
    Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
    Avec les mille tours de ses palais de fées,
    Brumeuse, denteler l'horizon violet !

    Victor Hugo 

    La tulipe...


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  • Les saisons et l'amour
    Le gazon soleilleux est plein
    De campanules violettes,
    Le jour las et brûlé hâlette
    Et pend aux ailes des moulins.
    La nature, comme une abeille,
    Est lourde de miel et d'odeur,
    Le vent se berce dans les fleurs
    Et tout l'été luisant sommeille.
    — Ô gaieté claire du matin
    Où l'âme, simple dans sa course,
    Est dansante comme une source
    Qu'ombragent des brins de plantain !
    De lumineuses araignées
    Glissent au long d'un fil vermeil,
    Le cœur dévide du soleil
    Dans la chaleur d'ombre baignée.
    — Ivresse des midis profonds,
    Coteaux roux où grimpent des chèvres,
    Vertige d'appuyer les lèvres
    Au vent qui vient de l'horizon ;
    Chaumières debout dans l'espace
    Au milieu des seigles ployés,
    Ayant des plants de groseilliers
    Devant la porte large et basse...
    — Soirs lourds où l'air est assoupi,
    Où la moisson pleine est penchante,
    Où l'âme, chaude et désirante,
    Est lasse comme les épis.
    Plaisir des aubes de l'automne,
    Où, bondissant d'élans naïfs,
    Le cœur est comme un buisson vif
    Dont toutes les feuilles frissonnent !
    Nuits molles de désirs humains,
    Corps qui pliez comme des saules,
    Mains qui s'attachent aux épaules,
    Yeux qui pleurent au creux des mains.
    — Ô rêves des saisons heureuses,
    Temps où la lune et le soleil
    Écument en rayons vermeils
    Au bord des âmes amoureuses...

    Anna de Noailles

    La tulipe...


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