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Automne
Comme la lande est riche aux heures empourprées,
Quand les cadrans du ciel ont sonné les vesprées !
Quels longs effeuillements d'angélus par les chênes !
Quels suaves appels des chapelles prochaines !
Là-bas, groupes meuglants de grands bœufs aux yeux glauques
Vont menés par des gars aux bruyants soliloques.
La poussière déferle en avalanches grises
Pleines du chaud relent des vignes et des brises.
Un silence a plu dans les solitudes proches :
Des Sylphes ont cueilli le parfum mort des cloches.
Quelle mélancolie ! Octobre, octobre en voie !
Watteau ! que je vous aime, Autan, ô Millevoye !Émile Nelligan
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Les rayons de novembre
De grands nuages gris estompent l’horizon
Le soleil jette à peine un regard à la terre
Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon
Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre.
Adieu le soir serein , adieu le matin clair
Adieu le frais ombrage , adieu les folles courses
Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air
Adieu le gazouillis des buissons et des sources
Plus de gais moissonneurs attroupés dans les blés
Plus d’amoureux rêveurs assis sous les tonnelles
Plus de concerts la nuit sur les flots étoilés
Dans les prés et les bois plus de parfums plus d’ailes
Mais parfois le soleil déchirant les brouillards
Verse des lueurs d’or sur les eaux et les chaumes
Et nous croyons ouïr les oiseaux babillards
Nous respirons partout de sauvages arômes.
L’arbre nu nous paraît se rhabiller de vert
Le vent attiédi joue avec ses rameaux souples
Et dans le creux du val de feuilles recouvert
Il nous semble encor voir errer de joyeux couples.
Ainsi que la saison des fleurs et des amours
Se sont évanouis mes rêves de jeunesse
Un nuage a passé tout à coup sur mes jours
Dérobant un soleil qui me versait l’ivresse.
Cependant quelquefois à travers mon ciel noir
Un reflet radieux glisse à mon front morose.
Alors dans le passé lumineux je crois voir
De mes bonheurs enfuis flotter l’image rose.
Et puis devant mes yeux rayonne l’avenir
L’espérance renaît dans mon âme ravie.
Et le rayon qui brille un instant sur ma vie
C’est celui que le cœur nomme le souvenir.William Chapman
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