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En hiver la terre pleure
En hiver la terre pleure ;
Le soleil froid, pâle et doux,
Vient tard, et part de bonne heure,
Ennuyé du rendez-vous.
Leurs idylles sont moroses.
- Soleil ! aimons ! - Essayons.
O terre, où donc sont tes roses ?
- Astre, où donc sont tes rayons ?
Il prend un prétexte, grêle,
Vent, nuage noir ou blanc,
Et dit : - C'est la nuit, ma belle ! -
Et la fait en s'en allant ;
Comme un amant qui retire
Chaque jour son cœur du nœud,
Et, ne sachant plus que dire,
S'en va le plus tôt qu'il peut.
Victor Hugo
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Hivernale
C'est le petit matin, il gèle à pierre fendre.
Il n'y a aucun bruit dans le jardin figé.
Le merle, le pinson ne se font plus entendre.
Le décor familier a tout à coup changé.
Un voile scintillant emmitoufle les arbres,
Les cyclamens noircis, les bordures d'œillets.
Le givre a découvert la fontaine de marbre
Où ne s'abreuve plus l'abeille de juillet.
Accrochées au portail, des toiles d'araignées
Offrent leurs napperons crochetés de fil blanc.
Dans le patio désert, la chaise dédaignée
N'accueille plus l'ami, sincère, vigilant.
Sur la vitre le gel sculpte des paysages,
Des roses, des palmiers ou l'envol d'un oiseau.
Implacable, cruel, dans sa quête sauvage,
Il a emprisonné l'eau vive du ruisseau.
Sur l'Indre, près du pont, les canards se rassemblent,
Indifférents à tout, jacassant, caquetant ;
Sur l'onde qui verdoie, ils régatent ensemble,
Ignorant la froidure et la rigueur du temps.
Un soleil pâle et froid en cet instant se lève
Sur les arbres meurtris du petit bois. Pourtant,
Il est doux de penser qu'à la première sève,
L'hirondelle dira le retour du printemps.Renée Jeanne Mignard
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