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  •  La ronde des mois
    Janvier prend la neige pour châle ;
     Février fait glisser nos pas ;
     Mars de ses doigts de soleil pâle,
     Jette des grêlons aux lilas.
    Avril s’accroche aux branches vertes ;
     Mai travaille aux chapeaux fleuris ;
     Juin fait pencher la rose ouverte
     prés du beau foin qui craque et rit.
    Juillet met les œufs dans leurs coques
     Août sur les épis mûrs s’endort ;
     Septembre aux grands soirs équivoques,
     Glisse partout ses feuilles d’or.
    Octobre a toutes les colères,
     Novembre a toutes les chansons
     Des ruisseaux débordant d’eau claire,
     Et Décembre a tous les frissons.

    Rosemonde Gérard Rostand


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  • Février
    Le soleil maintenant allonge son parcours;
     L'aube plus tôt sourit aux bois impénétrables;
     Mais l'air est toujours vif, l'autan rugit toujours
     Parmi les rameaux nus et glacés des érables.
    L'avalanche sans fin croule du ciel blafard;
     Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
     Cependant à travers bise, neige, brouillard,
     Nous formons de nos jours une chaîne de fêtes.
     Et tous les rudes sports d'hiver battent leur plein
     Au milieu de clameurs follement triomphales;
     Sur des flots dont le gel fit un cirque opalin
    Les grands trotteurs fumants distancent les rafales.
    Sur le ring ou l'étang par le vent balayé
     Le gai patineur file ou tourne à perdre haleine.
     Le sourire à la lèvre et la raquette au pied,
     Des couples d'amoureux cheminent dans la plaine.
    Par un souffle inconnu chacun est emporté.
     Dans tous les yeux le feu du plaisir étincelle;
     Et dans le bourg naissant comme dans la cité
     Le bruyant Carnaval agite sa crécelle.
    Les hôtels sont bondés de lointains visiteurs.
     Maint pierrot dans la rue étale sa grimace.
     La nuit, torches aux poings, les fougueux raquetteurs
     S'élancent à l'assaut des grands palais de glace.
    A d'émouvants tournois la multitude accourt.
     Tout le peuple s'ébat, tout le peuple festoie,
     Car, puisque Février est le mois le plus court,
     Il voudrait s'y griser de la plus longue joie.

    William Chapman 

     


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  • Nuit de neige
    La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
    Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
    Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
    Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.
    Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
    L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
    Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
    Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
    La lune est large et pâle et semble se hâter.
    On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
    De son morne regard elle parcourt la terre,
    Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.
    Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
    Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
    Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
    Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
    Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
    Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
    Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
    Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
    Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
    Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
    De leur œil inquiet ils regardent la neige,
    Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

    Guy de Maupassant  


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