• Fuite d’automne
    Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voici
    L’Automne. Un long baiser du soleil a roussi
    Les étangs ; les lointains sont vermeils de feuillage,
    Le flexible arc-en-ciel a retenu l’orage
    Sur sa voûte où se fond la clarté d’un vitrail ;
    La brume des terrains rôde autour du bétail
    Et parfois le soleil que le brouillard efface
    Est rond comme la lune aux marges de l’espace.
    Mon âme, sors de l’ombre épaisse de ta chair
    C’est le temps dans les prés où le silence est clair,
    Où le vent, suspendant son aile de froidure,
    Berce dans les rameaux un rêve d’aventure
    Et fait choir en jouant avec ses doigts bourrus
    La feuille jaune autour des peupliers pointus.
    La libellule vole avec un cri d’automne
    Dans ses réseaux cassants ; la brebis monotone
    A l’enrouement fêlé des branches dans la voix ;
    La lumière en faisceaux bruine sur les bois.
    Mon âme en robe d’or faite de feuilles mortes
    Se donne au tourbillon que la rafale apporte
    Et chavire au soleil sur la pointe du pied
    Plus vive qu’en avril le sauvage églantier ;
    Cependant que de loin elle voit sur la porte,
    Écoutant jusqu’au seuil rouler des feuilles mortes,
    Mon pauvre corps courbé dans son châle d’hiver.
    Et mon âme se sent étrangère à ma chair.
    Pourtant, docilement, lorsque les vitres closes
    Refléteront au soir la fleur des lampes roses,
    Elle regagnera le masque familier,
    Et, servante modeste avec un tablier,
    Elle trottinera dans les chambres amères
    En retenant des mains le sanglot des chimères.

    Cécile Sauvage 

    La tulipe...


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  • Très bonne journée à vous mes ami(es)
    Gros bisous 


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  • Paysage d’octobre
    Les nuages sont revenus,
     Et la treille qu’on a saignée
     Tord ses longs bras maigres et nus
     Sur la muraille renfrognée.
     La brume a terni les blancheurs
     Et cassé les fils de la vierge ;
     Et le vol des martins-pêcheurs
     Ne frissonne plus sur la berge.
    Les arbres se sont rabougris,
     La chaumière ferme sa porte,
     Et le joli papillon gris
     A fait place à la feuille morte.
     Plus de nénuphars sur l’étang ;
     L’herbe languit, l’insecte râle,
     Et l’hirondelle, en sanglotant,
    Disparaît à l’horizon pâle.
    Maurice Rollinat  

    La tulipe...


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  • L'Automne
    A toute autre saison je préfère l'automne,
    Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids
    La lamentation confuse et monotone
    Que rend la harpe d'or des grands chênes jaunis.
    Je préfère aux gazons semés de pâquerettes
    Où la source égrenait son collier d'argent vif,
    La clairière déserte où tristes et discrètes,
    Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.
    Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées;
    Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons,
    Et le saule penchant ses branches désolées
    Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons.
    Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes
    Jusqu'aux sommets où seuls les ajoncs ont des fleurs,
    Les feuillages divers qui s'étagent par zones
    Doublent le chant des bruits de l'hymne des couleurs.
    Et les pommiers sont beaux courbés sous leurs fruits roses,
    Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs;
    Mais plus beaux s'écroulant sous leurs langues décloses,
    Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs.
    Ici c'est un grand feu de fougère flétrie
    D'où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus,
    Et, comme elle la vague et lente rêverie
    Du pâtre regardant l'horizon nébuleux.
    Plus loin un laboureur sur la lande muette,
    S'appuie à la charrue et le soleil couchant
    Détache sur fond d'or la fière silhouette
    Du bouvier et des bœufs arrêtés en plein champ.
    L'on se croirait devant un vitrail grandiose
    Où quelque artiste ancien, saintement inspiré,
    Aurait représenté dans une apothéose
    Le serf et l'attelage et l'araire sacré.

    François Fabié

    La tulipe...


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