•  Rêve d'automne   
    Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
    Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
    Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
    Convient à la douleur et plaît à mes regards !
    Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
    J'aime à revoir encore, pour la dernière fois,
    Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
    Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
    Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
    A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
    C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
    Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
    Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
    Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui
    Je me retourne encore et d'un regard d'envie
    Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !
    Peut-être l'avenir me gardait-il encore
    Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
    Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
    Aurait compris mon âme et m'aurait répondu ? ...
    La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ;
    A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ;
    Moi, je meurs et mon âme au moment qu'elle expire,
    S'exhale comme un son triste et mélodieux.

    Alphonse de Lamartine

    Bon jeudi...


    14 commentaires
  • Versailles   
    Ô Versailles, ô bois, ô portiques,
    Marbres vivants, berceaux antiques,
    Par les dieux et les rois Elysée embelli,
    A ton aspect, dans ma pensée,
    Comme sur l'herbe aride une fraîche rosée,
    Coule un peu de calme et d'oubli.
    Paris me semble un autre empire,
    Dès que chez toi je vois sourire
    Mes pénates secrets couronnés de rameaux,
    D'où souvent les monts et les plaines
    Vont dirigeant mes pas aux campagnes prochaines,
    Sous de triples cintres d'ormeaux.
    Les chars, les royales merveilles,
    Des gardes les nocturnes veilles,
    Tout a fui ; des grandeurs tu n'es plus le séjour.
    Mais le sommeil, la solitude,
    Dieux jadis inconnus, et les arts, et l'étude,
    Composent aujourd'hui ta cour.
    Ah ! malheureux ! à ma jeunesse
    Une oisive et morne paresse
    Ne laisse plus goûter les studieux loisirs.
    Mon âme, d'ennui consumée,
    S'endort dans les langueurs ; louange et renommée
    N'inquiètent plus mes désirs.
    L'abandon, l'obscurité, l'ombre,
    Une paix taciturne et sombre,
    Voilà tous mes souhaits. Cache mes tristes jours,
    Et nourris, s'il faut que je vive,
    De mon pâle flambeau la clarté fugitive,
    Aux douces chimères d'amours.
    L'âme n'est point encor flétrie,
    La vie encor n'est point tarie,
    Quand un regard nous trouble et le cœur et la voix.
    Qui cherche les pas d'une belle,
    Qui peut ou s'égayer ou gémir auprès d'elle,
    De ses jours peut porter le poids.
    J'aime ; je vis. Heureux rivage !
    Tu conserves sa noble image.

    André Chénier 

    Bon jeudi...


    13 commentaires
  •  Je viens vous souhaiter une bonne journée à tous
    Gros bisous

    Bon jeudi...


    11 commentaires
  •  

    Villanelle
    Une feuille d'or,
    une feuille rousse,
    un frisson de mousse,
    sous le vent du nord.
    Quatre feuilles rousses,
    quatre feuilles d'or,
    le soleil s'endort
    dans la brume douce.
    Mille feuilles rousses,
    que le vent retrousse.
    Mille feuilles d'or
    sous mes arbres morts.

    Alain Debroise 

    Bon jeudi...


    9 commentaires
-->