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Par ninie281052 le 12 Décembre 2014 à 00:00
Décembre
- Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l’auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s’habille de feuilles mortes.
- Entrez, monsieur, entrez, le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.
- Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s’indéfinies,
dans un brouillard couleur de suie.
- Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez, la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s’ouvrent pour vous loger chez nous.
- Levez, les gens, la barre en fer,
ouvrez, les gens, je suis la neige,
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver.
- Entrez, la neige, entrez, la dame,
avec vos pétales de lys
et semez-les par le taudis
jusque dans l’âtre où vit la flamme.
Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitent le Nord des régions désertes,
qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? -
pour les peines que nous avons par vous souffertes.Emile Verhaeren
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Par ninie281052 le 10 Décembre 2014 à 00:00
Roses d'Automne
Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore,
Comme par un prodige inouï du soleil,
Avec plus de langueur et plus de charme encore,
Les roses du parterre ouvrent leur cœur vermeil.
Dans sa corbeille d’or août cueillit les dernières :
Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais voici que soudain les touffes printanières
Embaument les matins de l’arrière-saison.
Les bosquets sont ravis le ciel même s’étonne
De voir sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré le vent la pluie et le givre d’automne,
Les boutons tout gonflés d’un sang rouge fleurir.
En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C’est l’âme des printemps fanés qui pour un jour,
Remonte et de corolle en corolle s’exhale,
Comme soupirs de rêve et sourires d’amour.
Tardives floraisons du jardin qui décline,
Vous avez la douceur exquise et le parfum
Des anciens souvenirs si doux malgré l’épine
De l’illusion morte et du bonheur défunt.Nérée Beauchemin.
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Par ninie281052 le 8 Décembre 2014 à 00:00
dimanches (VI)
J'aurai passé ma vie à faillir m'embarquer
Dans de bien funestes histoires,
Pour l'amour de mon cœur de Gloire !....
- Oh ! qu'ils sont chers les trains manqués
Où j'ai passé ma vie à faillir m'embarquer !....
Mon cœur est vieux d'un tas de lettres déchirées,
Ô Répertoire en un cercueil
Dont la Poste porte le deuil !....
- Oh ! ces veilles d'échauffourées
Où mon cœur s'entraînait par lettres déchirées !....
Tout n'est pas dit encor, et mon sort est bien vert.
Ô Poste, automatique Poste,
Ô yeux passants fous d'holocaustes,
Oh ! qu'ils sont là, vos airs ouverts !....
Oh ! comme vous guettez mon destin encor vert !
Une, pourtant, je me rappelle,
Aux yeux grandioses.Jules Laforgue
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