•  Décembre 
    - Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
    je frappe au seuil et à l’auvent,
    ouvrez, les gens, je suis le vent,
    qui s’habille de feuilles mortes.
    - Entrez, monsieur, entrez, le vent,
    voici pour vous la cheminée
    et sa niche badigeonnée ;
    entrez chez nous, monsieur le vent.
    - Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
    je suis la veuve en robe grise
    dont la trame s’indéfinies,
    dans un brouillard couleur de suie.
    - Entrez, la veuve, entrez chez nous,
    entrez, la froide et la livide,
    les lézardes du mur humide
    s’ouvrent pour vous loger chez nous.
    - Levez, les gens, la barre en fer,
    ouvrez, les gens, je suis la neige,
    mon manteau blanc se désagrège
    sur les routes du vieil hiver.
    - Entrez, la neige, entrez, la dame,
    avec vos pétales de lys
    et semez-les par le taudis
    jusque dans l’âtre où vit la flamme.
    Car nous sommes les gens inquiétants
    qui habitent le Nord des régions désertes,
    qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? -
    pour les peines que nous avons par vous souffertes.

    Emile Verhaeren

    décembre...bon week-end mes ami(es).


    19 commentaires
  • Très bonne journée à vous mes ami(es)
    Gros bisous

    4


    17 commentaires
  • 3

    Roses d'Automne
    Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore,
    Comme par un prodige inouï du soleil,
    Avec plus de langueur et plus de charme encore,
    Les roses du parterre ouvrent leur cœur vermeil.
    Dans sa corbeille d’or août cueillit les dernières :
    Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
    Mais voici que soudain les touffes printanières
    Embaument les matins de l’arrière-saison.
    Les bosquets sont ravis le ciel même s’étonne
    De voir sur le rosier qui ne veut pas mourir,
    Malgré le vent la pluie et le givre d’automne,
    Les boutons tout gonflés d’un sang rouge fleurir.
    En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
    C’est l’âme des printemps fanés qui pour un jour,
    Remonte et de corolle en corolle s’exhale,
    Comme soupirs de rêve et sourires d’amour.
    Tardives floraisons du jardin qui décline,
    Vous avez la douceur exquise et le parfum
    Des anciens souvenirs si doux malgré l’épine
    De l’illusion morte et du bonheur défunt.

    Nérée Beauchemin.

    roses d'automne...


    12 commentaires
  • Je viens vous souhaiter une bonne journée à tous
    Gros bisous

    bon mardi...


    10 commentaires
  • dimanches (VI)
    J'aurai passé ma vie à faillir m'embarquer
    Dans de bien funestes histoires,
    Pour l'amour de mon cœur de Gloire !....
    - Oh ! qu'ils sont chers les trains manqués
    Où j'ai passé ma vie à faillir m'embarquer !....
    Mon cœur est vieux d'un tas de lettres déchirées,
    Ô Répertoire en un cercueil
    Dont la Poste porte le deuil !....
    - Oh ! ces veilles d'échauffourées
    Où mon cœur s'entraînait par lettres déchirées !....
    Tout n'est pas dit encor, et mon sort est bien vert.
    Ô Poste, automatique Poste,
    Ô yeux passants fous d'holocaustes,
    Oh ! qu'ils sont là, vos airs ouverts !....
    Oh ! comme vous guettez mon destin encor vert !
    Une, pourtant, je me rappelle,
    Aux yeux grandioses.

    Jules Laforgue

    dimanches (VI)...


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