• Paysage
    Je veux, pour composer chastement mes églogues,
    Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
    Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
    Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
    Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
    Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
    Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
    Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
    Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
    L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
    Les fleuves de charbon monter au firmament
    Et la lune verser son pâle enchantement.
    Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
    Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
    Je fermerai partout portières et volets
    Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
    Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
    Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
    Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
    Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
    L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
    Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
    Car je serai plongé dans cette volupté
    D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
    De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
    De mes penser brûlants une tiède atmosphère.

    Charles Baudelaire

     


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  • Printanière
    Elle coiffe avec le peigne radieux
    du soleil
    sa chevelure verte
    et fleurie
    d’où nait le chant
    des oiseaux
    Elle rit aux derniers frimas
    et fait couler de nouveaux ruisseaux
    pour nous dire
    que rien ne dure
    Elle dévoile les couleurs
    et répand par poignées
    l’essaim de leurs parfums
    Malgré la ritournelle des saisons
    notre Terre
    aux robes légères
    passante qui régénère

    kamal Zerdoumi

     


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  • Bon mardi...

    Bon mardi...


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  • Rêve d'oiseau
    À Mademoiselle Berthe Wells.
    Sous les fleurs d'églantier nouvellement écloses,
    Près d'un nid embaumé dans le parfum des roses,
    Quand la forêt dormait immobile et sans bruit,
    Le rossignol avait chanté toute la nuit.
    Quand les bois s'éclairaient au réveil de l'aurore,
    Le fortuné chanteur vocalisait encore.
    Sous les grands hêtres verts qui lui filtraient le jour,
    La reine de son cœur veillait au nid d'amour.
    Dans le berceau de mousse il revint d'un coup d'aile,
    Impatient alors de se rapprocher d'elle.
    Puis le maître divin dormit profondément...
    Mais parfois il chantait dans son rêve en dormant.
    « Les yeux fermés, il pense encore à moi, » dit-elle,
    Heureuse d'être aimée, heureuse d'être belle.

    André Lemoyne

     


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