-
Par ninie281052 le 22 Mai 2020 à 00:00
Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
De mes penser brûlants une tiède atmosphère.Charles Baudelaire
13 commentaires -
-
Par ninie281052 le 20 Mai 2020 à 00:00
Printanière
Elle coiffe avec le peigne radieux
du soleil
sa chevelure verte
et fleurie
d’où nait le chant
des oiseaux
Elle rit aux derniers frimas
et fait couler de nouveaux ruisseaux
pour nous dire
que rien ne dure
Elle dévoile les couleurs
et répand par poignées
l’essaim de leurs parfums
Malgré la ritournelle des saisons
notre Terre
aux robes légères
passante qui régénèrekamal Zerdoumi
6 commentaires -
-
Par ninie281052 le 18 Mai 2020 à 00:16
Rêve d'oiseau
À Mademoiselle Berthe Wells.
Sous les fleurs d'églantier nouvellement écloses,
Près d'un nid embaumé dans le parfum des roses,
Quand la forêt dormait immobile et sans bruit,
Le rossignol avait chanté toute la nuit.
Quand les bois s'éclairaient au réveil de l'aurore,
Le fortuné chanteur vocalisait encore.
Sous les grands hêtres verts qui lui filtraient le jour,
La reine de son cœur veillait au nid d'amour.
Dans le berceau de mousse il revint d'un coup d'aile,
Impatient alors de se rapprocher d'elle.
Puis le maître divin dormit profondément...
Mais parfois il chantait dans son rêve en dormant.
« Les yeux fermés, il pense encore à moi, » dit-elle,
Heureuse d'être aimée, heureuse d'être belle.André Lemoyne
9 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique