• Quand par le dur hiver
    Quand par le dur hiver tristement ramenée
    La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
    Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
    Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !
    Par le rêveur oisif, la douce après-dînée !
    Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
    Au bonheur !  il ne veut devant sa cheminée
    Qu'un voltaire* bien doux, pouvant railler le froid !
    Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
    La flamme s'élargit, comme une étoile jette
    L'étincelle que l'œil dans l'ombre fixe et suit ;
    Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
    L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
    À la chaleur du jour le charme de la nuit !    

    Jules Verne 


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  • Très bonne journée à vous mes ami(es)
    Gros bisous 


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  • Ce doux hiver qui égale ses jours
    Ce doux hiver qui égale ses jours
     À un printemps, tant il est aimable, 
     Bien qu’il soit beau, ne m’est pas agréable, 
     J’en crains la queue, et le succès toujours.
     J’ai bien appris que les chaudes amours, 
     Qui au premier vous servent une table
     Pleine de sucre et de mets délectable, 
     Gardent au fruit leur amer et leurs tours.
    Je vois déjà les arbres qui boutonnent
     En mille nœuds, et ses beautés m’étonnent, 
     En une nuit ce printemps est glacé,
     Ainsi l’amour qui trop serein s’avance, 
     Nous rit, nous ouvre une belle apparence, 
     Est né bien tôt bien tôt effacé.

    Agrippa d’Aubigné 


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  • Neige
    Viens jusqu’à notre seuil, répandre
    Ta blanche cendre,
    Ô neige pacifique et lentement tombée !
    Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
    Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.
    Ô neige
    Qui réchauffes et qui protèges
    Le blé qui lève à peine
    Avec la mousse, avec la laine
    Que tu répands de plaine en plaine !
    Neige silencieuse et doucement amie
    Des maisons, au matin dans le calme endormies,
    Recouvre notre toit et frôle nos fenêtres
    Et soudain par le seuil et la porte pénètre
    Avec tes flocons purs et tes dansantes flammes,
    Ô neige lumineuse au travers de notre âme,
    Neige, qui réchauffes
    Encor nos derniers rêves
    Comme du blé qui lève !

    Émile Verhaeren 


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