-
Juillet
Depuis les feux de l'aube aux feux du crépuscule,
Le soleil verse à flots ses torrides rayons ;
On voit pencher la fleur et jaunir les sillons
Voici les jours poudreux de l'âpre canicule.
Le chant des nids a fait place au chant des grillons ;
Un fluide énervant autour de nous circule ;
La nature, qui vit dans chaque animalcule,
Fait frissonner d'émoi tout ce que nous voyons.
Mais quand le bœuf qui broute à l'ombre des grands chênes
Se tourne haletant vers les sources prochaines,
Quel est donc, dites-vous, ce groupe échevelé
Qui frappe les échos de ses chansons rieuses ?
Hélas ! c'est la saison des vacances joyeuses...
Comme il est loin de nous ce beau temps envolé !Louis-Honoré Frechette
8 commentaires -
Joie de la mer
Comme aujourd'hui la mer est belle et délicate !
Elle fut, tout le jour, vaporeuse et nacrée,
Avec de grands frissons de lumière dorée,
Sous un ciel d'un gris fin, veiné comme une agate.
Puis ce ciel s'est ouvert d'une fente écarlate,
Et la pensive mer, qui devenait cendrée,
D'une pourpre lueur soudain s'est colorée,
Douce lueur où tout caresse et rien n'éclate.
Dans les pays divins, par-delà le soleil,
On donne quelque noble et merveilleuse fête
D'où s'échappe un rayon si mollement vermeil
Qui vient éparpiller des roses sur le faîte
De tous ces flots, bercés d'un lumineux sommeil.
Ah ! Si de jours pareils notre vie était faite !Auguste Angellier
14 commentaires -
Marine
L’Océan sonore
Palpite sous l’œil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.Paul Verlaine
8 commentaires