• Quand par le dur hiver
    Quand par le dur hiver tristement ramenée
    La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
    Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
    Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !
    Par le rêveur oisif, la douce après-dînée !
    Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
    Au bonheur !  il ne veut devant sa cheminée
    Qu'un voltaire* bien doux, pouvant railler le froid !
    Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
    La flamme s'élargit, comme une étoile jette
    L'étincelle que l'œil dans l'ombre fixe et suit ;
    Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
    L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
    À la chaleur du jour le charme de la nuit !    

    Jules Verne


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  • Soir d’hiver
    Ah ! comme la neige a neigé !
    Ma vitre est un jardin de givre.
    Ah ! comme la neige a neigé !
    Qu’est-ce que le spasme de vivre
    À la douleur que j’ai, que j’ai !
    Tous les étangs gisent gelés,
    Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vais-je ?
    Tous ses espoirs gisent gelés :
    Je suis la nouvelle Norvège
    D’où les blonds ciels s’en sont allés.
    Pleurez, oiseaux de février,
    Au sinistre frisson des choses,
    Pleurez, oiseaux de février,
    Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
    Aux branches du genévrier.
    Ah ! comme la neige a neigé !
    Ma vitre est un jardin de givre.
    Ah ! comme la neige a neigé !
    Qu’est-ce que le spasme de vivre
    À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…

    Emile Nelligan


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  • Bon jeudi...


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  • Hivernale
    C'est le petit matin, il gèle à pierre fendre.
    Il n'y a aucun bruit dans le jardin figé.
    Le merle, le pinson ne se font plus entendre.
    Le décor familier a tout à coup changé.
    Un voile scintillant emmitoufle les arbres,
    Les cyclamens noircis, les bordures d'œillets.
    Le givre a découvert la fontaine de marbre
    Où ne s'abreuve plus l'abeille de juillet.
    Accrochées au portail, des toiles d'araignées
    Offrent leurs napperons crochetés de fil blanc.
    Dans le patio désert, la chaise dédaignée
    N'accueille plus l'ami, sincère, vigilant.
    Sur la vitre le gel sculpte des paysages,
    Des roses, des palmiers ou l'envol d'un oiseau.
    Implacable, cruel, dans sa quête sauvage,
    Il a emprisonné l'eau vive du ruisseau.
    Sur l'Indre, près du pont, les canards se rassemblent,
    Indifférents à tout, jacassant, caquetant ;
    Sur l'onde qui verdoie, ils régatent ensemble,
    Ignorant la froidure et la rigueur du temps.
    Un soleil pâle et froid en cet instant se lève
    Sur les arbres meurtris du petit bois. Pourtant,
    Il est doux de penser qu'à la première sève,
    L'hirondelle dira le retour du printemps.

    Renée Jeanne Mignard


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