• Paysage
    Je veux, pour composer chastement mes églogues,
    Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
    Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
    Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
    Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
    Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde ;
    Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
    Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
    Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
    L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
    Les fleuves de charbon monter au firmament
    Et la lune verser son pâle enchantement.
    Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
    Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
    Je fermerai partout portières et volets
    Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
    Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
    Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
    Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
    Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
    L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
    Ne fera pas lever mon front de mon pupitre ;
    Car je serai plongé dans cette volupté
    D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
    De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
    De mes penser brûlants une tiède atmosphère.

    Charles Baudelaire

    Bon jeudi...


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  • Joie du Printemps
    Au printemps, on est un peu fou,
    Toutes les fenêtres sont claires,
    Les prés sont pleins de primevères,
    On voit des nouveautés partout.
    Oh! regarde, une branche verte!
    Ses feuilles sortent de l'étui!
    Une tulipe s'est ouverte...
    Ce soir, il ne fera pas nuit,
    Les oiseaux chantent à tue-tête,
    Et tous les enfants sont contents
    On dirait que c'est une fête...
    Ah! que c'est joli le printemps!

    Lucie Delarue-Mardrus

    Bon jeudi...


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  • Je viens vous souhaiter une bonne journée à tous
    Gros bisous

    Bon jeudi...


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  • Jardin sentimental
    Là, nous nous attardions aux nocturnes tombées,
    Cependant qu'alentour un vol de scarabées
    Nous éblouissait d'or sous les lueurs plombées,
    De grands chevaux de pourpre erraient, sanguinolents,
    Par les célestes turfs, et je tenais, tremblants,
    Tes doigts entre mes mains, comme un nid d'oiseaux blancs.
    Or, tous deux, souriant à l'étoile du soir,
    Nous sentions se lever des lumières d'espoir
    En notre âme fermée ainsi qu'un donjon noir.
    Le vieux perron croulant parmi l'effroi des lierres,
    Nous parlait des autans qui chantaient dans les pierres
    De la vieille demeure aux grilles familières.
    Puis l'Angélus, devers les chapelles prochaines,
    Tintait d'une voix grêle, et, sans rompre les chaînes,
    Nous allions dans la nuit qui priait, sous les chênes.
    Foulant les touffes d'herbe où le cri-cri se perd,
    Invincibles, au loin, dans un grand vaisseau vert,
    Nous rêvions de monter aux astres de Vesper.

    Émile Nelligan

    Bon jeudi...


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