Amour en même instant m'aiguillonne et m'arrête Amour en même instant m'aiguillonne et m'arrête, M'assure et me fait peur, m'ard et me va glaçant, Me pourchasse et me fuit, me rend faible et puissant, Me fait victorieux et marche sur ma tête. Ores bas,...
Crépuscule L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frisonne; au fond du bois la clairière apparaît ; Les arbres sont profonds et les branches sont noires ; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ? Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ? Vous...
PrintempsVoici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes...
Premier Mai Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses. Je ne suis pas en train de parler d'autres choses. Premier mai ! l'amour gai, triste, brûlant, jaloux, Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ; L'arbre où j'ai, l'autre automne,...
Beauté des femmes Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal, Et ces yeux, où plus rien ne reste d’animal Que juste assez pour dire : « assez » aux fureurs mâles ! Et toujours, maternelle endormeuse...
Hier au soir Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard ; La nuit tombait ; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse. Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins...
A des âmes envolées Ces âmes que tu rappelles, Mon cœur, ne reviennent pas. Pourquoi donc s'obstinent-elles, Hélas ! à rester là-bas ? Dans les sphères éclatantes, Dans l'azur et les rayons, Sont - elles donc plus contentes Qu'avec nous qui les aimions...
La courbe de tes yeux La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. Feuilles de jour...
Rêverie Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume Cache un front inégal sous un cercle de brume, L'heure où l'astre géant rougit et disparaît. Le grand bois jaunissant dore seul la colline. On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,...
Souvenir de Rose Une rose m'a dit: Regarde La couleur tendre de mon velours, Ma pureté que rien ne farde, Je suis belle sans nul secours, Ma clarté jamais ne s'effondre Je suis l'idéale fraîcheur... Une rose m'a dit: Aspire Mon parfum qui n'a rien d'égal,...
Demain des l'aube Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,...
Un sourire. Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup, Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne, il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel, Personne n'est assez riche pour s'en passer, Personne n'est assez...
A la fenêtre, pendant la nuit Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ; Le flot huileux et lourd décompose ses moires Sur l'océan blêmi ; Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ; Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,...
Les caresses des yeux Les caresses des yeux sont les plus adorables ; Elles apportent l'âme aux limites de l'être, Et livrent des secrets autrement ineffables, Dans lesquels seul le fond du cœur peut apparaître. Les baisers les plus purs sont grossiers...
Juin Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois, Les couples, enchantés par l'éther frais et rose, Ont ressenti l'amour comme une apothéose ; Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois. Ils rêvent, étendus sans mouvement, sans voix ;...
Je pressais ton bras qui tremble Tous deux heureux et vainqueurs. La nuit était calme et pure ; Dieu remplissait la nature L'amour emplissait nos cœurs. Tendre extase ! saint mystère ! Entre le ciel et la terre Nos deux esprits se parlaient. A travers...
En marchant le matin Puisque là-bas s'entrouvre une porte vermeille, Puisque l'aube blanchit le bord de l'horizon, Pareille au serviteur qui le premier s'éveille Et, sa lampe à la main, marche dans la maison, Puisqu'un blême rayon argente la fontaine,...
Nocturne A madame Adolphe Graff Le ciel s'éteint, tout va dormir Je songe à des choses passées ; C'est à la fois peine et plaisir. La veilleuse du souvenir S'allume au fond de mes pensées. J'entends des pas, j'entends des voix, Des pas furtifs, des voix...
Au jardin Le soir fait palpiter plus mollement les plantes Autour d'un groupe assis de femmes indolentes Dont les robes, qu'on prend pour d'amples floraisons, A leur blanche harmonie éclairent les gazons. Une ombre par degrés baigne ces formes vagues...
Aurore sur la mer Je te méprise enfin, souffrance passagère ! J’ai relevé le front. J’ai fini de pleurer. Mon âme est affranchie, et ta forme légère Dans les nuits sans repos ne vient plus l’effleurer. Aujourd’hui je souris à l’Amour qui me blesse. O...
Le bonheur est mélancolique Le bonheur est mélancolique. Le cri des plus joyeux oiseaux Paraît lointain comme de l'eau Où se noierait une musique. À l'œil qui s'en repaît longtemps La couleur des fleurs est moins fraîche ; L'herbe a parfois l'air d'être...
Clair de lune intellectuel Ma pensée est couleur de lumières lointaines, Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs. Elle a l'éclat parfois des subtiles verdeurs D'un golfe où le soleil abaisse ses antennes. En un jardin sonore, au soupir des fontaines,...
Le poème Le soleil est ma chair, le soleil est mon cœur, Le cœur du ciel, mon cœur saignant qui vous fait vivre, Le soleil, vase d'or, où fume la liqueur De mon sang, est la coupe où la terre s'enivre. Les astres sont mes yeux, mes yeux toujours ouverts,...
Le soleil de l'âme Levez-vous, Soleil de mon âme, Votre clarté plus ne me luit ; Chassez mon froid par votre flamme, Par vos rais l'ombre de ma nuit. L'autre soleil est par trop sombre Et trop peu chauds sont ses rayons Pour de mon âme chasser l'ombre...
Sensation Par les soirs bleus d'été j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien: Mais l'amour...