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A l'horizon
J’ai encore souvenance de ces navires,
Voilures chahutées par de fiers aquilons,
Éthers qui enjôlaient l’ivresse de ces sbires ;
Ces marins râblés, l’épiderme macaron.
J’ai encore souvenance de ces navires
Aux tempêtes injurieuses, les nefs subirent
Tant de véhémence
Qu’en finalité létale elles se fendirent
Et délivrèrent aux océans leurs cargaisons.
Aux tempêtes injurieuses, les nefs subirent
Les terribles aventures des longs gréements,
Aujourd’hui résonnent fort et comme un airain ;
Fabuleux voyages aux propos captivants
En mon esprit agité un sang de mutin.
Les terribles aventures des longs gréements
Vois ! A l’horizon se profilent les chalands,
Vierges sacrifiées à de pénibles destins.
Aussi on devine dans les nuages blancs
Quelques équipages le mouchoir à la main.
Lors, à l’horizon se profilent les chalands
J’ai encore souvenance de ces navires :
Aux tempêtes injurieuses, les nefs subirent
Les terribles aventures des longs gréements ;
Vois ! A l’horizon se profilent les chalands.Didier Sicchia
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Juin
Dans cette vie ou nous ne sommes
Que pour un temps si tôt fini,
L'instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid ;
Et d'un peu de paille ou d'argile
Tous veulent se construire, un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l'amour.
Par les yeux d'une fille d'Ève
Mon cœur profondément touché
Avait fait aussi ce doux rêve
D'un bonheur étroit et caché.
Rempli de joie et de courage,
A fonder mon nid je songeais ;
Mais un furieux vent d'orage
Vient d'emporter tous mes projets ;
Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courbé,
Tous mes espoirs brisés à terre
Comme les œufs d'un nid tombéFrançois Coppée
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