• L'hirondelle et les petits oiseaux...

    L'hirondelle et les petits oiseaux
    Une Hirondelle en ses voyages
    Avait beaucoup appris.
    Quiconque a beaucoup vu
    Peut avoir beaucoup retenu.
    Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages,
    Et devant qu'ils fussent éclos,
    Les annonçait aux Matelots.
    Il arriva qu'au temps que le chanvre se sème,
    Elle vit un manant en couvrir maints sillons.
    "Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux Oisillons :
    Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême,
    Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin.
    Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?
    Un jour viendra, qui n'est pas loin,
    Que ce qu'elle répand sera votre ruine.
    De là naîtront engins à vous envelopper,
    Et lacets pour vous attraper,
    Enfin mainte et mainte machine.

    Jean La Fontaine (de)

    L'hirondelle et les petits oiseaux...


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  • Bon jeudi...

    Très bonne journée à vous mes ami(es)
    Gros bisous

    Bon jeudi...


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  • A vingt ans
    À vingt ans on a l'œil difficile et très fier :
    On ne regarde pas la première venue,
    Mais la plus belle ! Et, plein d'une extase ingénue,
    On prend pour de l'amour le désir né d'hier.
    Plus tard, quand on a fait l'apprentissage amer,
    Le prestige insolent des grands yeux diminue,
    Et d'autres, d'une grâce autrefois méconnue,
    Révèlent un trésor plus intime et plus cher.
    Mais on ne fait jamais que changer d'infortune :
    À l'âge où l'on croyait n'en pouvoir aimer qu'une,
    C'est par elle déjà qu'on apprit à souffrir ;
    Puis, quand on reconnaît que plus d'une est charmante,
    On sent qu'il est trop tard pour choisir une amante
    Et que le cœur n'a plus la force de s'ouvrir.

    René Armand François Sully Prudhomme

    A vingt ans...bon week-end à tous.


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  • A la fenêtre, pendant la nuit
    Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ;
    Le flot huileux et lourd décompose ses moires
    Sur l'océan blêmi ;
    Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ;
    Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
    Comme un homme endormi.
    Tout s'en va. La nature est l'urne mal fermée.
    La tempête est écume et la flamme est fumée.
    Rien n'est, hors du moment,
    L'homme n'a rien qu'il prenne, et qu'il tienne, et qu'il garde.
    Il tombe heure par heure, et, ruine, il regarde
    Le monde, écroulement.
    L'astre est-il le point fixe en ce mouvant problème ?
    Ce ciel que nous voyons fut-il toujours le même ?
    Le sera-t-il toujours?
    L'homme a-t-il sur son front des clartés éternelles ?
    Et verra-t-il toujours les mêmes sentinelles
    Monter aux mêmes tours ?

    Victor Hugo

    A la fenêtre, pendant la nuit...


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