• En hiver
    Le sol trempé se gerce aux froidures premières,
     La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs,
     Et met, au bord des toits et des chaumes branlants,
     Des coussinets de laine irisés de lumières.
    Passent dans les champs nus les plaintes coutumières,
     A travers le désert des silences dolents,
     Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents
     Et s’en viennent de faim rôder près des chaumières.
     Mais depuis que le ciel de gris s’était couvert,
     Dans la ferme riait une gaieté d’hiver,
     On s’assemblait en rond autour du foyer rouge,
     Et l’amour s’éveillait, le soir, de gars à gouge,
     Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin
     Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d’airain.

    Emile Verhaeren

    Janvier...


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  • Crépuscule d'hiver
    À Madame François Wells.
    En se couchant au fond de la grande avenue,
    Le soleil disparaît dans un ciel pourpre et noir ;
    Et, de la tête aux pieds, la haute forêt nue
    Profondément tressaille au premier vent du soir.
    Déjà tout est bien mort : plus une feuille aux branches,
    Plus un chant dans les bois, plus un vol dans les airs ;
    Seul, le gui parasite avec ses perles blanches
    Jette un peu de verdure autour des nids déserts.
    Le bûcheron se dit que l'hiver sera rude.
    Il regagne à pas lents son gîte pour la nuit.
    Le silence envahit la froide solitude...
    Mais un dernier écho parfois répand son bruit.
    Un bruit vague, un bruit sourd, montant des marécages...
    Quelle est donc cette grave et lointaine rumeur ?
    Ce sont de grands troupeaux qui rentrent des pacages,
    Saluant d'un adieu triste le jour qui meurt.

    André Lemoyne

    Janvier...


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  • Très bonne journée à vous mes ami(es)
    Gros bisous

    Janvier...


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  • Février
    Le soleil maintenant allonge son parcours;
     L'aube plus tôt sourit aux bois impénétrables;
     Mais l'air est toujours vif, l'autan rugit toujours
     Parmi les rameaux nus et glacés des érables.
     L'avalanche sans fin croule du ciel blafard;
     Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
     Cependant à travers bise, neige, brouillard,
     Nous formons de nos jours une chaîne de fêtes.
    Et tous les rudes sports d'hiver battent leur plein
     Au milieu de clameurs follement triomphales;
     Sur des flots dont le gel fit un cirque opalin
     Les grands trotteurs fumants distancent les rafales.
     Sur le ring ou l'étang par le vent balayé
     Le gai patineur file ou tourne à perdre haleine.
     Le sourire à la lèvre et la raquette au pied,
     Des couples d'amoureux cheminent dans la plaine.
     Par un souffle inconnu chacun est emporté.
     Dans tous les yeux le feu du plaisir étincelle;
     Et dans le bourg naissant comme dans la cité
     Le bruyant Carnaval agite sa crécelle.
     Les hôtels sont bondés de lointains visiteurs.
     Maint pierrot dans la rue étale sa grimace.
     La nuit, torches aux poings, les fougueux raquetteurs
     S'élancent à l'assaut des grands palais de glace.
     A d'émouvants tournois la multitude accourt.
     Tout le peuple s'ébat, tout le peuple festoie,
     Car, puisque Février est le mois le plus court,
     Il voudrait s'y griser de la plus longue joie.

    William Chapman

    Janvier... 


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