EN MARCHANT LE MATIN Puisque là-bas s'entrouvre une porte vermeille, Puisque l'aube blanchit le bord de l'horizon, Pareille au serviteur qui le premier s'éveille Et, sa lampe à la main, marche dans la maison, Puisqu'un blême rayon argente la fontaine,...
LE POETE S'EN VA DANS LES CHAMPS Le poète s'en va dans les champs ; il admire, Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ; Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs, Celles qui des rubis font pâlir les couleurs, Celles qui des paons même éclipseraient...
LA COURBE DE TES YEUX La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour...
PRINTEMPS C'est la jeunesse et le matin. Vois donc, ô ma belle farouche, Partout des perles : dans le thym, Dans les roses, et dans ta bouche. L'infini n'a rien d'effrayant ; L'azur sourit à la chaumière ; Et la terre est heureuse, ayant Confiance dans...
LE COUCHER DU SOLEIL ROMANTIQUE Que le soleil est beau quand tout frais il se lève, Comme une explosion nous lançant son bonjour! - Bienheureux celui-là qui peut avec amour Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve! Je me souviens! J'ai vu tout, fleur,...
LA MUSIQUE La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés Que...
La source tombait du rocher Goutte à goutte à la mer affreuse. L'océan, fatal au nocher, Lui dit : - Que me veux-tu, pleureuse ? Je suis la tempête et l'effroi ; Je finis où le ciel commence. Est-ce que j'ai besoin de toi, Petite, moi qui suis l'immense...
PARFUM EXOTIQUE Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne, Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone; Une île paresseuse où la nature donne Des arbres...
IL FAUT QUE LE POETE Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur, Esprit doux et splendide, au rayonnement pur, Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent, Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent Les femmes, les songeurs, les sages,...
VITRAIL Cette verrière a vu dames et hauts barons Étincelants d'azur, d'or, de flamme et de nacre, Incliner, sous la dextre auguste qui consacre, L'orgueil de leurs cimiers et de leurs chaperons ; Lorsqu'ils allaient, au bruit du cor ou des clairons,...
À toi maman qui est là haut, Je pense à toi et mes yeux pleurent, De mes yeux ne coule que de l’eau, Des souvenirs d’un doux bonheur. À toi maman qui est au ciel, Tu me protèges et me surveilles, Toi mon étoile et mon soleil, Je sais que sur ma vie tu...
LA FLUTE Voici le soir. Au ciel passe un vol de pigeons. Rien ne vaut pour charmer une amoureuse fièvre, Ô chevrier, le son d'un pipeau sur la lèvre Qu'accompagne un bruit frais de source entre les joncs. A l'ombre du platane où nous nous allongeons L'herbe...
UNE FLUTE INVISIBLE Viens ! - une flûte invisible Soupire dans les vergers. - La chanson la plus paisible Est la chanson des bergers. Le vent ride, sous l'yeuse, Le sombre miroir des eaux. - La chanson la plus joyeuse Est la chanson des oiseaux. Que nul...
FENETRES OUVERTES Le matin - En dormant J'entends des voix. Lueurs à travers ma paupière. Une cloche est en branle à l'église Saint-Pierre. Cris des baigneurs. Plus près ! plus loin ! non, par ici ! Non, par là ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne aussi....
EN MARCHANT LA NUIT DANS UN BOIS ( 2) On entend passer un coche, Le lourd coche de la mort. Il vient, il roule, il approche. L'eau hurle et la bise mord. Le dur cocher, dans la plaine Aux aspects noirs et changeants, Conduit sa voiture pleine De toutes...
NUIT Le ciel d'étain au ciel de cuivre Succède. La nuit fait un pas. Les choses de l'ombre vont vivre. Les arbres se parlent tout bas. Le vent, soufflant des empyrées, Fait frissonner dans l'onde, où luit Le drap d'or des claires soirées, Les sombres...
VERE NOVO Comme le matin rit sur les roses en pleurs ! Oh ! les charmants petits amoureux qu'ont les fleurs ! Ce n'est dans les jasmins, ce n'est dans les pervenches Qu'un éblouissement de folles ailes blanches Qui vont, viennent, s'en vont, reviennent,...
EN MARCHANT LA NUIT DANS UN BOIS (3) - Cocher, d'où viens-tu ? dit l'arbre. - Où vas-tu ? dit l'eau qui fuit. Le cocher est fait de marbre Et le coche est fait de nuit. Il emporte beauté, gloire, Joie, amour, plaisirs bruyants ; La voiture est toute noire,...
EN MARCHANT LA NUIT DANS UN BOIS (1) Il grêle, il pleut. Neige et brume ; Fondrière à chaque pas. Le torrent veut, crie, écume, Et le rocher ne veut pas. Le sabbat à notre oreille Jette ses vagues hourras. Un fagot sur une vieille Passe en agitant les...
EN MARCHANT LA NUIT DANS UN BOIS (4) Le brin d'herbe sur la roche, Le nuage dans le ciel, Regarde marcher ce coche, Et croit voir rouler Babel. Sur sa morne silhouette, Battant de l'aile à grands cris, Volent l'orage, chouette, Et l'ombre, chauve-souris....
A la mémoire de mon père. Chaque jours il est au cœur de mes pensées. Là ou que je sois, peu importe le moment, L’endroit, il est toujours présent… Nous pourrions en parler jusqu’à demain, Ca ne changerait absolument rien ! Je trouve terrible quand on...
EN MARCHANT LA NUIT DANS UN BOIS (5) La nuit, sinistre merveille, Répand son effroi sacré ; Toute la forêt s'éveille Comme un dormeur effaré. Après les oiseaux, les âmes ! Volez sous les cieux blafards. L'étang, miroir, rit aux femmes Qui sortent des...
L'EAU QUI JAILLIT L'eau qui jaillit de ce double rocher Remplit ce long bassin d'une onde frétillante ; Les frênes, les ormeaux, où viennent se percher Linottes et serins, Lui font une voûte ondoyante Qui garde mieux qu'un toit De tuiles, lorsque ainsi...
Aux champs Je me penche attendri sur les bois et les eaux, Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ; J’ai la pitié sacrée et profonde des choses ; J’empêche les enfants de maltraiter les roses ; Je dis : N’effarez point la plante et l’animal...
HIER AU SOIR Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard ; La nuit tombait ; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse. Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins...