• Ames obscures
    Tout dans l'immuable Nature
    Est miracle aux petits enfants :
    Ils naissent, et leur âme obscure
    Éclôt dans des enchantements.
    Le reflet de cette magie
    Donne à leur regard un rayon.
    Déjà la belle illusion
    Excite leur frêle énergie.
    L'inconnu, l'inconnu divin,
    Les baigne comme une eau profonde ;
    On les presse, on leur parle en vain :
    Ils habitent un autre monde ;
    Leurs yeux purs, leurs yeux grands ouverts
    S'emplissent de rêves étranges.
    Oh ! qu'ils sont beaux, ces petits anges
    Perdus dans l'antique univers !
    Leur tête légère et ravie
    Songe tandis que nous pensons ;
    Ils font de frissons en frissons
    La découverte de la vie.

    Anatole France

    obscures... 


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  • Bonjour mes ami(es)...


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  • La bonne journée
    Ce jour, je l'ai passé ployé sur mon pupitre,
    Sans jeter une fois l'œil à travers la vitre.
    Par Apollo ! Cent vers ! Je devrais être las ;
    On le serait à moins ; mais je ne le suis pas.
    Je ne sais quelle joie intime et souveraine
    Me fait le regard vif et la face sereine ;
    Comme après la rosée une petite fleur,
    Mon front se lève en haut avec moins de pâleur ;
    Un sourire d'orgueil sur mes lèvres rayonne,
    Et mon souffle pressé plus fortement résonne.
    J'ai rempli mon devoir comme un brave ouvrier.
    Rien ne m'a pu distraire ; en vain mon lévrier,
    Entre mes deux genoux posant sa longue tête,
    Semblait me dire : « En chasse ! » en vain d'un air de fête
    Le ciel tout bleu dardait, par le coin du carreau,
    Un filet de soleil jusque sur mon bureau ;
    Près de ma pipe, en vain, ma joyeuse bouteille
    M'étalait son gros ventre et souriait vermeille ;
    En vain ma bien-aimée, avec son beau sein nu,
    Se penchait en riant de son rire ingénu,
    Sur mon fauteuil gothique, et dans ma chevelure
    Répandait les parfums de son haleine pure.
    Sourd comme saint Antoine à la tentation,
    J'ai poursuivi mon œuvre avec religion,
    L'œuvre de mon amour qui, mort, me fera vivre ;
    Et ma journée ajoute un feuillet à mon livre.

    Théophile Gautier


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  • Après l’hiver
    N’attendez pas de moi que je vais vous donner
    Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ;
    La nuit meurt, l’hiver fuit ; maintenant la lumière,
    Dans les champs, dans les bois, est partout la première.
    Je suis par le printemps vaguement attendri.
    Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;
    Je sens devant l’enfance et devant le zéphyr
    Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ;
    Mai complète ma joie et s’ajoute à mes pleurs.
    Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs.
    Accourez, la forêt chante, l’azur se dore,
    Vous n’avez pas le droit d’être absents de l’aurore.
    Je suis un vieux songeur et j’ai besoin de vous,
    Venez, je veux aimer, être juste, être doux,
    Croire, remercier confusément les choses,
    Vivre sans reprocher les épines aux roses,
    Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu.
    Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu !
    On sent un souffle d’air vivant qui vous pénètre,
    Et l’ouverture au loin d’une blanche fenêtre ;
    On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ;
    On a le doux bonheur d’être avec les oiseaux
    Et de voir, sous l’abri des branches printanières,
    Ces messieurs faire avec ces dames des manières.

    Victor Hugo

    Après l’hiver...Bon week-end mes ami(es).


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  • Bonjour mes ami(es)...

    Bonjour mes ami(es)...


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