• Veillée d’avril
    Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.
    Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,
    Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,
    Je tords mon cœur pour qu’il s’égoutte en rimes d’or.
    Et voilà qu’à songer me revient un accord,
    Un air bête d’antan, et sans bruit tu te lèves
    Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves
    Où j’étais simple et pur, et doux, croyant encore.
    Et j’ai posé ma plume. Et je fouille ma vie
    D’innocence et d’amour pour jamais défleurie,
    Et je reste longtemps, sur ma page accoudé,
    Perdu dans le pourquoi des choses de la terre,
    Ecoutant vaguement dans la nuit solitaire
    Le roulement impur d’un vieux fiacre attardé.

    Jules Laforgue


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  • Bonjour mes ami(es)...


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  • Ronde de Printemps
    Dans le Parc, dans le Parc les glycines frissonnent,
     Etirant leurs frêles bras –
    Ainsi que de jeunes filles
     Qui se réveillent d’un court sommeil
     Après la nuit dansée au bal,
     Les boucles de leurs cheveux
     Tout en papillotes
     Pour de prochaines fêtes –
    Dans le Parc.
     Dans les Prés, dans les Prés les marguerites blanches
     S’endimanchent, et les coquelicots
     Se pavanent dans leurs jupes
     Savamment fripées,
     Mais les oiseaux, un peu outrés,
     Rient et se moquent des coquettes
     Dans les Prés.
     Dans les Bois, dans les Bois les ramures s’enlacent:
     Voûte de Cathédrale aux Silences
     Où le pas des Visions se fait pieux et furtif,
     Parmi les poses adurantes des Hêtres
     Et les blancs surplis des Bouleaux –
    Sous les vitraux d’émeraude qui font
     Cette lumière extatique –
    Dans les Bois.
     Dans l’Eau, dans l’Eau près de joncs somnolents
     Tremblent les étoiles pelues du soleil
     Dans l’Eau,
     Et la Belle tout en pleurs
     Tombe parmi les joncs somnolents,
     Et la Belle
     Meurt parmi la torpeur lumineuse des flots:
     La Belle Espérance
     S’est noyée, et cela fait des ronds
     Dans l’Eau.

    Marie Krysinska


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  • Fleurs d'Avril
    Le bouvreuil a sifflé dans l'aubépine blanche ;
    Les ramiers, deux à deux, ont au loin roucoulé,
    Et les petits muguets, qui sous bois ont perlé,
    Embaument les ravins où bleuit la pervenche.
    Sous les vieux hêtres verts, dans un frais demi-jour,
    Les heureux de vingt ans, les mains entrelacées,
    Echangent, tout rêveurs, des trésors de pensées
    Dans un mystérieux et long baiser d'amour.
    Les beaux enfants naïfs, trop ingénus encore
    Pour comprendre la vie et ses enchantements,
    Sont émus en plein cœur de chauds pressentiments,
    Comme aux rayons d'avril les fleurs avant d'éclore.
    Et l'homme ancien qui songe aux printemps d'autrefois,
    Oubliant pour un jour le nombre des années,
    Ecoute la voix d'or des heures fortunées
    Et va silencieux en pleurant sous les bois.

    André Lemoyne


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  • Bonjour mes ami(es)...


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