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Hivernale
C'est le petit matin, il gèle à pierre fendre.
Il n'y a aucun bruit dans le jardin figé.
Le merle, le pinson ne se font plus entendre.
Le décor familier a tout à coup changé.
Un voile scintillant emmitoufle les arbres,
Les cyclamens noircis, les bordures d'œillets.
Le givre a découvert la fontaine de marbre
Où ne s'abreuve plus l'abeille de juillet.
Accrochées au portail, des toiles d'araignées
Offrent leurs napperons crochetés de fil blanc.
Dans le patio désert, la chaise dédaignée
N'accueille plus l'ami, sincère, vigilant.
Sur la vitre le gel sculpte des paysages,
Des roses, des palmiers ou l'envol d'un oiseau.
Implacable, cruel, dans sa quête sauvage,
Il a emprisonné l'eau vive du ruisseau.
Sur l'Indre, près du pont, les canards se rassemblent,
Indifférents à tout, jacassant, caquetant ;
Sur l'onde qui verdoie, ils régatent ensemble,
Ignorant la froidure et la rigueur du temps.
Un soleil pâle et froid en cet instant se lève
Sur les arbres meurtris du petit bois. Pourtant,
Il est doux de penser qu'à la première sève,
L'hirondelle dira le retour du printemps.Renée Jeanne Mignard
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Février (la ronde des mois)
Les petits matins froids du mois de février
Se lèvent dans des tons de rouge orangé,
Et les nuages lentement s'étirent,
Laissant au soleil le temps de se vêtir.
De sa douce chaleur, il fait fondre la glace
Que la nuit dépose comme une carapace,
Sur une nature, encore engourdie
Qui ne demande qu'à reprendre vie.
Février à mauvaise réputation.
A la lecture des vieux dictons
On le dit, froid, pluvieux, venteux
Et pourtant il est bien besogneux
Puisqu'il prépare le Printemps
Tirant la nature de son engourdissement
Un petit peu plus, chaque jour
Sans rien attendre en retour
Que de mourir, pour laisser sa place
A ce coquin de mois de Mars.
Mardi-gras et la chandeleur
Amènent à ce petit mois travailleur
Un air de fête, apprécié des petits
Qui le couvrent des couleurs des confettis.Dominique Sagne
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Ce doux hiver qui égale ses jours
Ce doux hiver qui égale ses jours
À un printemps, tant il est aimable,
Bien qu’il soit beau, ne m’est pas agréable,
J’en crains la queue, et le succès toujours.
J’ai bien appris que les chaudes amours,
Qui au premier vous servent une table
Pleine de sucre et de mets délectable,
Gardent au fruit leur amer et leurs tours.
Je vois déjà les arbres qui boutonnent
En mille nœuds, et ses beautés m’étonnent,
En une nuit ce printemps est glacé,
Ainsi l’amour qui trop serein s’avance,
Nous rit, nous ouvre une belle apparence,
Est né bien tôt bien tôt effacé.Agrippa d’Aubigné
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