•  Décembre
    (Les hôtes)
    – Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
     je frappe au seuil et à l’auvent,
     ouvrez, les gens, je suis le vent,
     qui s’habille de feuilles mortes.
    – Entrez, monsieur, entrez, le vent,
     voici pour vous la cheminée
     et sa niche badigeonnée ;
     entrez chez nous, monsieur le vent.
    – Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
     je suis la veuve en robe grise
     dont la trame s’indéfinise,
     dans un brouillard couleur de suie.
    – Entrez, la veuve, entrez chez nous,
     entrez, la froide et la livide,
     les lézardes du mur humide
     s’ouvrent pour vous loger chez nous.
    – Levez, les gens, la barre en fer,
     ouvrez, les gens, je suis la neige,
     mon manteau blanc se désagrège
     sur les routes du vieil hiver.
    – Entrez, la neige, entrez, la dame,
     avec vos pétales de lys
     et semez-les par le taudis
     jusque dans l’âtre où vit la flamme.
    Car nous sommes les gens inquiétants
     qui habitent le Nord des régions désertes,
     qui vous aimons – dites, depuis quels temps ? –
    pour les peines que nous avons par vous souffertes.

    Emile Verhaeren

     La femme...


    15 commentaires
  • L'invisible lien
    L'invisible lien, partout dans la nature,
    Va des sens à l'esprit et des âmes aux corps ;
    Le chœur universel veut de la créature
    Le soupir des vaincus ou l'insulte des forts.
    L'invisible lien va des êtres aux choses,
    Unissant à jamais ces ennemis mortels,
    Qui, dans l'anxiété de leurs métamorphoses,
    S'observent de regards craintifs ou solennels.
    L'invisible lien, dans les ténèbres denses,
    Dans le scintillement lumineux des couleurs,
    Eveille les rapports et les correspondances
    De l'espoir au regret, et du sourire aux pleurs.
    L'invisible lien, des racines aux sèves,
    Des sèves aux parfums, et des parfums aux sons,
    Monte, et fait sourdre en nous les sources de nos rêves
    Parfois pleins de sanglots et parfois de chansons.
    L'invisible lien, de la terre aux étoiles,
    Porte le bruit des bois, des champs et de la mer,
    Léger comme les cœurs purs de honte et sans voiles,
    Profond comme les cœurs pleins des feux de l'enfer.
    L'invisible lien, de la mort à la vie,
    Fait refluer sans cesse, avec le long passé,
    La séculaire angoisse en notre âme assouvie
    Et l'amour du néant malgré tout repoussé.

    Léon Dierx

    La femme...


    13 commentaires
  • Bon mardi...

    Je viens vous souhaiter une bonne journée à tous
    Gros bisous

    La femme...


    8 commentaires
  • Les arbres
    Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,
    Animez et les champs et vos forêts natales,
    Enfants silencieux des races végétales,
    Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,
    La volupté par qui toute race animée
    Est conçue et se dresse à la clarté du jour,
    La mère aux flancs divins de qui sortit l'Amour,
    Exhale aussi sur vous son haleine embaumée.
    Fils des fleurs, vous naissez comme nous du Désir,
    Et le Désir, aux jours sacrés des fleurs écloses,
    Sait rassembler votre âme éparse dans les choses,
    Votre âme qui se cherche et ne se peut saisir.
    Et, tout enveloppés dans la sourde matière
    Au limon paternel retenus par les pieds,
    Vers la vie aspirant, vous la multipliez,
    Sans achever de naître en votre vie entière.

    Anatole France

    La femme...


    11 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires
-->