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Hivernale
C'est le petit matin, il gèle à pierre fendre.
Il n'y a aucun bruit dans le jardin figé.
Le merle, le pinson ne se font plus entendre.
Le décor familier a tout à coup changé.
Un voile scintillant emmitoufle les arbres,
Les cyclamens noircis, les bordures d'œillets.
Le givre a découvert la fontaine de marbre
Où ne s'abreuve plus l'abeille de juillet.
Accrochées au portail, des toiles d'araignées
Offrent leurs napperons crochetés de fil blanc.
Dans le patio désert, la chaise dédaignée
N'accueille plus l'ami, sincère, vigilant.
Sur la vitre le gel sculpte des paysages,
Des roses, des palmiers ou l'envol d'un oiseau.
Implacable, cruel, dans sa quête sauvage,
Il a emprisonné l'eau vive du ruisseau.
Sur l'Indre, près du pont, les canards se rassemblent,
Indifférents à tout, jacassant, caquetant ;
Sur l'onde qui verdoie, ils régatent ensemble,
Ignorant la froidure et la rigueur du temps.
Un soleil pâle et froid en cet instant se lève
Sur les arbres meurtris du petit bois. Pourtant,
Il est doux de penser qu'à la première sève,
L'hirondelle dira le retour du printemps.Renée Jeanne Mignard
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Que j’aime le premier frisson d’hiver…
Que j’aime le premier frisson d’hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer ;
C’est le temps de la ville. – Oh ! lorsque l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),
Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. – Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme ;
Je saluais tes murs. – Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre cœur si tôt avait changé pour moi ?Alfred de Musset
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